LA GRANDE RÉFORME DE L'EMPIRE
Hadrien a beaucoup réformé l'empire. Il divise l'Italie en quatre districts qu'il confie à des consulaires (ex-consuls) rognant ainsi une prérogative sénatoriale. Ces sénateurs rendent la justice dans ces districts et remplacent le préteur pérégrin. Cette réforme administrative s'accompagne d'un important changement dans le recrutement des fonctionnaires : les chevaliers vont occuper les hauts postes de l'administration remplaçant les affranchis qui vont être attachés aux postes subalternes. En matière judiciaire, il fait adopter en 131 l'Édit perpétuel de Publius Salvius Julianus qui compile les édits prétoriens (des préteurs) et curules (des édiles curules) précédents. Cet édit approuvé par sénatus-consulte est perpétuel.
Un véritable code juridique est adopté rationalisant un peu plus le droit romain et rompant ainsi avec le traditionnel édit des préteurs qui devait être promulgué chaque année (bien que dans les faits ils reprenaient l'édit de leurs prédécesseurs en le modifiant parfois). L'empereur s'entoure de nombreux grands juristes qui composent le conseil impérial. Avec ses nombreux rescrits, il devient la référence en matière judiciaire. L'œuvre d'Hadrien consiste donc à renforcer le pouvoir impérial. Cette politique centralisatrice suscite beaucoup de réticences de la part des milieux sénatoriaux hostiles à un empereur qui conçoit son pouvoir d'une manière trop monarchique. Il poursuit en cela la politique initiée par Claude ou Domitien qui leur valurent à eux aussi quelques soucis.
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AVÈNEMENT AU POUVOIR IMPÉRIAL
L'accession au trône d'Hadrien ne s'est pas faite sans heurts. Il est difficile de savoir si Trajan l'a clairement désigné comme successeur avant de succomber le 8 août 117. Dion Cassius soutient que ce n'était pas le cas. Il nous raconte avec assez de précision comment Hadrien accède au poste suprême « Hadrien, lorsqu'il fut proclamé empereur, était à Antioche, métropole de la Syrie dont il était gouverneur.
Hadrien écrivit au sénat pour prier ce corps de lui confirmer l'empire, protestant qu'il ne voulait, ni en ce moment ni dans un autre, qu'on lui décernât aucun honneur, comme c'était auparavant la coutume, qu'il ne l'eût demandé. Les os de Trajan furent mis sous sa colonne ; quant aux jeux Parthiques, ils furent célébrés pendant plusieurs années ; dans la suite, ils furent abolis. Il décline au même moment le triomphe qui lui est accordé par le sénat mais en fait célébrer un à son père adoptif montrant ainsi sa piété filiale.
Cette succession n'a pas été uniquement contestée par Dion Cassius. Il semble que des pans assez larges du Sénat n'étaient pas d'accord avec le déroulement des évènements. Un groupe de sénateur a, peut-être, tenté d'assassiner le nouvel empereur. Il fait exécuter par l'intermédiaire de son préfet du prétoire Attianus sans les avoir entendus quatre consulaires à l'origine du complot. Il est difficile de savoir si ces exécutions étaient justifiées ou non : ces généraux du règne précédent représentaient certainement des menaces sérieuses pour le jeune prince. Les relations avec le Sénat s'enveniment alors et expliquent, en partie, la pratique autoritaire du pouvoir qu'exerce Hadrien.
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LA DISCIPLINE ET LE RESPECT
Disciplina Augusti rappellent l'importance que revêtait pour Hadrien la chose militaire et la restauration de la discipline. L'Histoire Auguste aborde longuement cette politique : « Il s'attacha à relever la discipline militaire que, depuis Auguste, la négligence des princes avait laissé tomber peu à peu. Il rétablit aussi l'ordre dans l'exercice des emplois et dans les dépenses. Il ne fut plus permis à personne de s'absenter de l'armée sans de justes motifs ; car désormais ce fut le mérite, et non la faveur des soldats, qui décida du choix des tribuns. Il encourageait d'ailleurs les autres par son exemple ; il faisait à pied vingt milles tout chargé de ses armes ; il faisait détruire dans son camp les salles, les portiques, les galeries et les berceaux de verdure ; il se montrait la plupart du temps vêtu de la manière la plus simple, il n'avait ni or à son baudrier, ni agrafes de pierreries, à peine une poignée d'ivoire à son épée. Il visitait les soldats malades dans leurs quartiers ; il choisissait lui-même ses campements qui n'était pas forcément luxueux même spartiate.
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Hadrien est un des empereurs les plus importants du IIe siècle en transformant radicalement l'Empire dans bien des domaines. Détesté par les élites sénatoriales par sa pratique monarchique du pouvoir, cet esthète annonce pourtant d'une certaine manière celle des Sévères au début IIIe siècle. Certaines de ses réalisations ne lui survivront pas mais le Panthéon et la villa d'Hadrien demeurent indissociablement liés à son legs et à celui de Rome.
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LES INTRIGUES DU POUVOIR
L'empereur romain Hadrien est l'un des souverains romains les plus connus au monde. Représentant emblématique du siècle des Antonins, il a réformé et transformé radicalement l'Empire. Amoureux des arts et des lettres, les ruines de son palais à Tivoli évoquent au visiteur l'apogée de Rome. Pourtant, si des images ou des portraits de cet empereur viennent rapidement à l'esprit, les sources le concernant sont peu nombreuses et problématiques. En effet, Hadrien n'était pas un empereur populaire dans les couches sénatoriales et son apothéose difficile montre que son action et sa personnalité n'ont pas fait l'unanimité au sein des couches dirigeantes.
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RECONNAISSANCE & HONNEUR▪︎
L'empereur Hadrien savais reconnaître les hommes d'Honneurs et de fidélité ; il ne donnait le sarment ( VITIS ) de centurion qu'à des gens robustes et d'une bonne réputation ; il ne créait tribuns que des hommes mûrs, ou du moins d'un âge à unir la sagesse et la prudence à l'énergie qu'exige cette charge. Il ne souffrait point qu'un tribun reçût quoi que ce fût d'un soldat ; il éloigna d'eux tout ce qui flattait la mollesse, il fit même des réformes dans leur équipage militaire et dans les ustensiles dont ils se servaient. Il jugeait lui-même de l'âge des soldats, de peur que, contre l'ancien usage, il n'y en eût dans les camps de trop jeunes pour suffire aux travaux et aux dangers de la guerre, ou de trop vieux pour qu'il n'y eût point d'inhumanité à les y retenir ; il s'attachait à les connaître et à savoir leur nombre.
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La villa Adriana et le Panthéon témoignent de la passion de l'empereur pour l'architecture et les arts. Ces bâtiments sont des chefs d'œuvre de l'art romain qui témoignent de l'ambition d'Hadrien pour la ville éternelle. Il a restauré de nombreux bâtiments mais a placé sur ces derniers des inscriptions mentionnant les commanditaires originaux (ce qui a pu poser des problèmes pour les historiens). Ce ne sont pas de simples restaurations : le Panthéon « restauré » est très éloigné du bâtiment origine. Que ce soit la villa Adriana ou le Panthéon, les techniques romaines sont poussées dans leurs derniers retranchements et ont bénéficié des avancées les plus récentes dans le domaine de la construction (en particulier le ciment ou l'opus caementicium). Hadrien ne s'est pas seulement intéressé à l'architecture mais aussi à la poésie, les belles-lettres et à la peinture. Il est difficile de savoir quelle place il a eue dans les arts à cette époque. On sait cependant qu'il était un grand collectionneur comme l'on révélait les nombreuses statues de la villa Adriana retrouvées lors des fouilles depuis la Renaissance. Les goûts de l'empereur étaient donc très éclectiques et ont permis d'expérimenter des combinaisons artistiques innovantes.
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